Le Premier ministre a chargé l’élue varoise de constituer un argumentaire qui sera soumis à la Commission européenne. Une mission d’envergure qu’elle devra achever en mai.
Elle est entrée en politique en janvier 2017, en briguant l’investiture du mouvement « En marche » pour représenter la 6ème circonscription du Var (1), au terme des élections législatives du mois de juin suivant. A l’époque, Valérie Gomez-Bassac disait d’elle-même qu’elle était une « hyperactive, passionnée de droit » : « je l’enseigne et je le mets en pratique pour servir le monde économique ».
Depuis plus d’un an, la députée a pris ses marques et a trouvé sa place dans un mouvement qui l’a choisie pour ses compétences professionnelles (avocate spécialisée en droit des affaires, notamment. Ndlr). Devenue porte-parole du groupe LaRem à l’Assemblée nationale le 14 janvier dernier, elle se voit aujourd’hui chargée d’une mission temporaire par le Premier ministre Edouard Philippe. Un rôle taillé « sur mesure ».
Le gouvernement vous charge d’élaborer un Code européen des affaires. C’est, on l’imagine, un honneur ?
Oui. Il s’agit surtout d’une mission qui entre parfaitement dans mon domaine de compétences, celui pour lequel j’ai été choisie parmi d’autres candidats à l’investiture.
“ Je suis un peu à la base de cette idée, que j’ai tenté de mettre en avant depuis mon élection ”
Pourquoi un tel chantier est-il lancé maintenant ?
Il n’y a pas d’actualité particulière. Je suis un peu à la base de cette idée, que j’ai tenté de mettre en avant depuis mon élection, notamment au sein de la commission des affaires à l’Assemblée, dont je fais partie. Ma requête a dû finir par atterrir sur le bureau de Nathalie Loiseau, ministre en charge des Affaires européennes, qui l’a transmise au Premier ministre.
Expliquez-nous un peu ce que l’on vous demande.
Il s’agit de doter l’Europe de textes qui permettrons de faciliter les échanges… Aussi bien de marchandises que de services ou des capitaux. Pour cela il faut faire une synthèse des textes existants dans les différents Etats de l’Union et voir dans quelles mesures on peut les harmoniser ou, au moins les rendre compatibles.
Concrètement, à quoi pourrait servir un tel dispositif ?
Contrairement à ce qu’on peut penser quand on entend le mot « Europe », c’est surtout aux petites entreprises, aux PME, voire aux TPE que la mise en place de ce code profitera. Aujourd’hui, elles n’ont pas accès à certains marchés internationaux, car il leur est difficile d’y postuler : les dossiers d’appel d’offres sont très compliqués… Elles ne disposent pas des ressources juridiques ou administratives nécessaires pour s’en occuper. Il faut essayer de simplifier tout ça pour faciliter les échanges.
“ C’est un texte qui aidera beaucoup les petites entreprises à trouver des marchés à l’Etranger ”
Vos travaux seront remis à Edouard Philippe en mai prochain. On peut rédiger un code européen en deux mois ?!
Non, évidemment. Il ne s’agit pas de rédiger le code, mais de préparer le terrain afin de faire avancer le texte. Heureusement je ne pars pas de « zéro » : je m’appuie sur des travaux réalisés par des universitaires et des juristes, qui planchent sur le sujet depuis longtemps. Et puis… C’est ma partie. J’y suis particulièrement à l’aise. En gros je dois répondre à certaines questions essentielles : « Y a-t-il une nécessité d’un Code européen des affaires ? Que doit-on y trouver ? Quelle serait sa portée juridique ? Etc. »
“ Je serai très occupée durant deux mois, mais je ne vais pas disparaître de la circonscription pour autant ”
Techniquement, on imagine qu’il est compliqué d’harmoniser les textes de lois de tous les Etats… Vous estimez un délai avant que cela soit une réalité ?
Cela fait partie des réflexions que je vais engager : devons-nous proposer que chaque Etat modifie ses lois ou proposons-nous un texte européen qui pourra avoir un caractère optionnel et/ou venir se superposer à ceux existants dans chaque Etat ? Je pense que la seconde solution est davantage réaliste si l’on veut obtenir des résultats dans un délai raisonnable. Les travaux que je remettrai à Edouard Philippe constitueront, pour le gouvernement, un socle de propositions qui seront soumises à la Commission européenne.
Une idée du temps que cela prendra ?
Pas encore. Chaque Etat a son droit, qui correspond à son histoire, à ses besoins. Certains sont très proches les uns des autres, d’autres très divergents. Pour les premiers – je pense particulièrement à l’Allemagne et à la France -, on trouvera très rapidement un socle de discussion commun. Il faudra davantage travailler pour les seconds. Quant au temps que tout cela prendra, je n’en sais encore rien… j’y verrai plus clair dans une quinzaine de jours.
On imagine que vos deux prochains mois vont être très occupés. Vous allez mettre votre rôle de députée au second plan ?
Je serai très occupée, mais je ne vais pas disparaître de la circonscription pour autant. Cela va être tendu, mais je compte bien être là pour animer la campagne des élections européennes (le vote se tiendra le dimanche 26 mai. Ndlr).
Justement… Vous qui êtes une européaniste convaincue, n’êtes-vous pas attristée de constater que ces élections n’intéressent pas les Français ?
Beaucoup de citoyens ne sont pas impliqués, car ils ne se sentent pas concernés. J’ai pourtant constaté que cette tendance était en baisse, à l’occasion des « consultations citoyennes sur l’Europe » (dont Valérie Gomez-Bassac fut rapporteur du rapport de mise en place. Ndlr), organisées en avril dernier. Beaucoup de personnes ont une forte envie de parler d’Europe, des comités locaux ont été mis en place et sont régulièrement animés depuis.
Propos recueillis par Guillaume JAMET
gjamet@varmatin.com
www.varmatin.com
(1) Cantons de Brignoles, Garéoult, Saint-Cyr-sur-Mer et Saint-Maximin-la-Sainte-Baume.
En savoir plus
www.facebook/Gomez.Bassac.Balerie/